Chaque mois, nous vous proposons de découvrir les tendances qui résonnent et font réagir sur les réseaux sociaux.
Au milieu de contenus légers et humoristiques, les réseaux restent surtout un révélateur très concret de nos préoccupations du moment. Santé, rapport au corps, charge mentale, travail : tout y passe, en quelques 15 secondes, porté par des créateurs qui racontent leur quotidien sans filtre.
Ce mois-ci, avec les trois tendances – fibermaxxing, “les influenceurs s’en foutent” et « quittoking » – on voit se dessiner la même ligne de fond :
Pour les annonceurs, l’enjeu n’est pas de copier les trends du moment, mais de comprendre ce qu’elles racontent : sur les usages, sur les émotions et sur les attentes des communautés.
C’est à partir de là que peuvent naître des prises de parole plus justes, plus utiles… et plus performantes.
On le voit partout dans les contenus food et bien-être : le fibermaxxing encourage à consommer un maximum d’aliments riches en fibres pour “réparer” sa digestion. Puddings aux graines de chia, bols petit-déjeuner boostés, salades de légumes et légumineuses… Les vidéos promettent souvent un ventre plus plat, moins de ballonnements, voire une perte de poids “sans régime”.
Mais la tendance est loin de faire l’unanimité : certains professionnels de santé alertent sur le fait qu’augmenter brutalement son apport en fibres, sans suivi ni adaptation, peut provoquer l’effet inverse (inconfort digestif, douleurs, ballonnements renforcés), surtout chez les personnes qui n’y sont pas habituées.
En toile de fond, c’est toujours la même mécanique : des conseils complexes simplifiés en “hack magique” par des créateurs… qui ne sont pas forcément des pros.
Si les fibres sont la star du moment, la conversation santé sur les réseaux reste largement structurée par un autre réflexe : “manger assez de protéines”. Les protéines sont perçues comme le socle d’une alimentation saine (satiété, énergie, sport), auxquelles viennent s’ajouter des “bonus” comme les fibres, les bonnes graisses, etc.
Le fibermaxxing ne remplace donc pas la vague protéine : il la complète. On passe d’une logique “protéines vs glucides” à une logique “protéines + fibres”, avec une assiette perçue comme d’autant plus vertueuse qu’elle coche plusieurs cases santé à la fois.
Pour les marques food, le sujet ne se limite pas à “surfons la tendance fibre” :
L’enjeu : ne pas jouer au médecin, mais devenir la marque qui aide à prendre du recul sur les trends tout en proposant des solutions concrètes, plus sûres et plus équilibrées au quotidien.
Depuis fin septembre, une nouvelle vague de contenus émerge sur les réseaux : des créateurs et créatrices listent tout ce dont ils “se foutent” désormais.
Plus de filtre : ils assument ce qui est devenu secondaire pour eux – apparence physique, rythme de publication, regard de la famille, pression de la maternité, carrière idéale…
Ces contenus sont souvent tournés façon confession frontale, parfois drôles, souvent très vulnérables, et surtout perçus comme profondément libérateurs : on y parle charge mentale, injonctions à la perfection, épuisement, pression des algos… et du droit de poser des limites.
On est clairement dans une nouvelle phase : après des années à essayer de cocher toutes les cases (être “brand friendly”, poster régulièrement, avoir le bon corps, le bon feed, la bonne vie), une partie des créateurs dit stop.
Ils revendiquent :
Ce “je m’en fous” n’est pas du désengagement : c’est une façon de reprendre le contrôle sur le récit.
Pour les marques, surtout les challengers, cette tendance ouvre un espace très fort :
L’enjeu : ne pas récupérer le “je m’en fous” comme un simple gimmick, mais accepter que s’y associer, c’est aussi prendre position contre certains standards dominants… y compris ceux que la pub a contribué à installer.
Le « quittoking » désigne ces vidéos où de jeunes salariés filment ou racontent publiquement leur démission sur TikTok, souvent après l’avoir déjà annoncée à leur employeur. On voit des formats “quit my job with me”, des storytime sur un manager toxique… mais aussi des contenus plus légers autour d’un même fantasme : trouver une porte de sortie loin du CDI classique.
C’est là qu’apparaissent des trends comme “see if I can sing so I can quit my job” où les utilisateurs testent leur voix en se projetant dans une vie où ils pourraient vivre de leur passion plutôt que de leur job actuel.
Le ton est souvent drôle, parfois amer, mais le message est clair : “si je peux monétiser ce talent, je m’en vais”.
Derrière le côté spectaculaire, la trend met en lumière une réalité : le travail n’est plus sacré, surtout s’il abîme la santé mentale ou ne fait plus sens.
Pour beaucoup de jeunes actifs, le job idéal n’est plus seulement celui qui paie bien, mais celui qui respecte :
Démissionner – ou fantasmer sa démission en chanson – devient une façon de reprendre le contrôle sur sa trajectoire, là où l’entreprise gardait historiquement la main sur le récit.
Opportunité : Travailler sa marque employeur en misant sur la transparence, le care et l’acceptation des projets perso.
Pour les marques, cette tendance est une alerte autant qu’un terrain d’expression :
L’idée : ne pas se contenter de dire “chez nous, on est bien”, mais prouver que l’entreprise est un cadre de travail soutenant, compatible avec la réalité et les aspirations d’une génération qui n’a plus envie de sacrifier sa vie – ni ses talents – pour un job.
Bien que différentes en apparence, ces trois tendances disent sensiblement la même chose :
Pour les marques, cela dessine un nouveau terrain de jeu :
Ce qui fera la différence, ce n’est pas la capacité à rebondir sur chaque trend, mais la façon de le faire : avec nuance, avec des preuves, et avec une vraie utilité pour les communautés.
En résumé : les tendances passent, mais les attentes qu’elles révèlent, elles, restent. Aux marques de s’en saisir intelligemment pour construire des prises de parole plus justes, plus responsables… et plus alignées avec la réalité des gens qui scrollent tous les jours.